
Les nouvelles leçons de management du pape François
03/10/2013 09:53Le pape François a accordé un long entretien (six heures) publié le 19 septembre dans les revues jésuites de seize pays d’Europe et d’Amérique. Outre l’homosexualité et l’avortement, il évoque son souhait de mieux intégrer à l’Eglise les divorcés remariés, dans le cadre d’une politique plus large qui réponde aux défis ayant trait au mariage et à la famille dans la société
Dans un long entretien, publié jeudi 19 septembre dans les revues jésuites de seize pays d’Europe et d’Amérique – dont Etudes en France –, le pape François, lui-même issu de la Compagnie de Jésus, dévoile de manière assez inédite sa conception du management et sa vision de l’exercice du pouvoir. Sur le fond, et de manière particulièrement claire, il met en garde l’institution et ses clercs : l’Eglise, défend-il, ne doit pas «en permanence» parler des «questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel ou à la contraception», sous peine de voir «son édifice moral s’écrouler comme un château de cartes».
Pour le reste, ce pape, qui parle beaucoup, souvent et dans des contextes très divers (lettre publiée dans la presse, discours officiels, homélies quotidiennes, conférence de presse, coups de téléphone impromptus), reprend des thèmes de réflexion qu’il a déjà abordés depuis son élection – attitude du clergé, ouverture de l’Eglise sur les «périphéries», place des femmes… – usant volontiers des mêmes expressions, au mot près.
Dans ce nouvel exercice, il insiste sur l’importance du «discernement», un travail intellectuel caractéristique de la formation jésuite, et sur l’utilité de «consulter avant de décider». Ainsi, le pape, élu pour réformer le gouvernement central de l’Eglise et bousculer ses inerties, déplore que «nombreux sont ceux qui pensent que les changements et les réformes peuvent advenir dans un temps bref. Je crois au contraire qu’il y a toujours besoin de temps pour poser les bases d’un changement vrai et efficace. Ce temps est celui du discernement. Et parfois, au contraire, le discernement demande de faire tout de suite ce que l’on pensait faire plus tard. C’est ce qui m’est arrivé ces derniers mois». Or, ajoute-t-il, «je me méfie des décisions prises de manière improvisée. Je me méfie toujours de la première décision, c’est-à-dire de la première chose qui me vient à l’esprit lorsque je dois prendre une décision. En général c’est une chose erronée».
—————